Rénovation des cabines de la Kédeuze
Chaque année, la télécabine de la Kédeuze transporte la quasi-totalité des vacanciers avec un cumul d’environ 850 000 personnes. Et justement, cette année, c’est son anniversaire ! En décembre 2024, elle va cumuler vingt ans de bons et loyaux services. L’occasion parfaite pour lui offrir un « relooking » en guise de cadeau. Plus concrètement, les 66 cabines vont quitter la station pour un trajet de 151 kilomètres direction l’usine SIGMA (fabricant de cabines de POMA). Là-bas, les équipes vont les rénover grâce à un savoir-faire remarquable. La transformation promet de vous réserver quelques surprises… Une chose est sûre : cet hiver, vous allez être bluffés lorsque vous allez réembarquer !
Sur cette page dédiée, suivez les étapes clés de cette opération d’envergure pour le domaine skiable.
Étape #1 : Validation de la tête de série
Tout commence par une réflexion qui implique de nombreuses questions : quels sont les impératifs de rénovation ? Quelles sont les nouvelles options proposées par le constructeur ? Quelles améliorations pour le confort de l’usager ? Quelles sont les attentes en matière d’esthétisme ? De façon plus pragmatique, quels sont les coûts et les défis logistiques ?
Pour obtenir des réponses, des discussions et réunions ont lieu au cours de l’hiver dernier (2023-2024), alors que les skieurs utilisaient pour la dernière fois les cabines actuelles de la Kédeuze sans même le savoir. En coulisses, une première étape importante était franchie : la commande officielle pour la rénovation intégrale de la principale remontée mécanique de la station.
Rapidement, le domaine skiable obtient les esquisses 3D à valider, point de départ pour que la rénovation puisse commencer ! Dès avril 2024, un premier lot de cabines quitte la station sur un semi-remorque. Dans la cargaison, l’une des cabines est la tête de série – autrement dit, le prototype permettant de valider en conditions réelles tous les choix retenus, qui seront ensuite appliqués à toutes les autres.
Alors que la station ouvre ses portes pour la saison estivale, la direction technique de la SOREMAC (domaine skiable des Carroz) se rend également à l’usine SIGMA, en Isère. L’objectif ? Valider la cabine modèle. Ce sera la dernière occasion de faire des ajustements. Le feu vert est donné, et déjà, l’excitation est là de constater les prouesses de la rénovation sur les anciennes cabines, désormais méconnaissables.
Étape #2 : Rénovation des cabines à l’usine SIGMA
Selon un planning précis, des salves de plusieurs cabines font le trajet des 150 kilomètres pour rejoindre les locaux de SIGMA. C’est un retour aux origines car c’est ici même qu’elles ont vu le jour durant l’été 2004, il y a 20 ans. Chacune comptabilise 32 000 heures de fonctionnement depuis sa mise en service. À l’époque, ce modèle appelé DIAMOND est une nouveauté de POMA qui lance sa cabine en aluminium (précédemment en fibre de verre). La construction aux Carroz n’était pas moins qu’une première en France !
À l’occasion de cet anniversaire, il est question de lui redonner une seconde jeunesse grâce aux mains expertes d’une vingtaine de techniciens. C’est le début d’un long travail. Le processus commence avec le démantèlement intégral de la cabine pour ne conserver que son ossature. Concrètement, il s’agit de démonter les vitrages, les banquettes, les portes et les planchers. Une opération de sablage permet à la cabine d’être totalement poncée et débarrassée de l’ancienne peinture. C’est alors qu’elle se retrouve totalement à nue, prête à subir quelques reprises de carrosserie pour effacer quelques rides naissantes avant la remise en peinture. Une fois parée de sa nouvelle robe, la cabine va sécher pendant plusieurs heures dans une pièce chauffée aux alentours de 40 degrés, c’est l’étuvage.
Ensuite, l’intégration des éléments neufs peut enfin commencer (vitres, nouveaux ouvrants, planchers, etc.). Le dernier sera le système de fermeture des portes, lui aussi remis à neuf. Chaque étape est minutieusement documentée dans un dossier de traçabilité pour garantir la sécurité et la transparence des différentes opérations.
Au bout de cinquante-cinq heures de travail, le remontage s’achève avec une série de tests qui permet la validation de la rénovation.
Chaque cabine est alors plus jolie pour cette deuxième vie… Protégée d’une bâche et installée sur un châssis de transport, il est temps de revenir aux Carroz.
Étape #3 : Livraison des cabines rénovées
L’entreprise Trombert a la lourde responsabilité de ramener les cabines jusqu’en station, plus précisément jusqu’au sommet de la Kédeuze par le chemin carrossable. Le transport s’effectue par salve de cinq cabines (poids de charge d’environ 3000kg sur la remorque). Une fois arrivé là-haut, après 3h de route, le camion grue les décharge une à une. Voilà assurément une opération délicate où il est exclu de se précipiter. Les cabines sont arrimées avec des sangles textiles prévues à cet effet, puis soulevées sans peine par la grue pour enfin être déposées au sol, en attendant que les équipes SOREMAC prennent le relais.
Étape #4 : Rangement des cabines au garage
La livraison est terminée. Il est temps de débâcher les cabines et de les acheminer une par une au garage à l’aide d’un tracteur télescopique appelé « merlo ». Cette manœuvre doit être opérée avant les premières neiges, et ce pour chacune des 66 cabines. Commence alors une véritable course contre la montre… et la nécessité d’une coordination parfaite entre toutes les parties prenantes.
Une fois à l’intérieur, les cabines attendent la dernière étape, celle du remontage.
Étape #5 : Remontage et remise en ligne des cabines
Même si la cabine semble finalisée, elle reste dépourvue d’éléments essentiels à son utilisation. Le premier : le châssis (appelé « H » dans le jargon) qui permet l’interface avec la suspente. Le second : la pince, permettant la circulation sur le câble.
Les techniciens du domaine skiable commencent par fixer le « H » de liaison. Comme évoqué précédemment, cette pièce relie la cabine à la pince via la suspente mais pas seulement… Elle sert aussi d’amortisseur grâce à de petits plots jaunes en élastomères absorbant les vibrations du câble et des pylônes, ce qui rend le trajet en cabine plus stable et doux.
Avec l’assemblage de la pince et la suspente, le plus gros du travail est finalisé. Il reste quelques finitions et quelques réglages…
Étape #6 : Remontage des dossiers et banquettes
Cette rénovation des cabines de la Kédeuze permet également un nouveau standard en matière de confort des usagers. Les dossiers et banquettes font partie des éléments renouvelés en totalité – une cure de jouvence bien méritée ! Les revêtements en sky peu confortables vont laisser place à un ensemble de banquettes et de dossiers rembourrés, pour le plus grand plaisir des premiers skieurs de cette fin d’année 2024. Le domaine skiable a également fait le choix d’une alternance de siège en bleu et noir, ce qui permet de mieux identifier les places disponibles au moment de l’embarquement et d’avoir une cohérence avec les autres remontées mécaniques de la station (ex : télésièges des Molliets et de la Tête des Saix). Cette étape est assurée en collaboration par les équipes Sigma et Soremac dans les ateliers des Carroz, à 1800m d’altitude.
Étape #7 : Flocage du logo
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les enjeux du projet de rénovation
Au-delà de l’esthétisme, ce « relooking » répond notamment à des enjeux écologiques cruciaux. Faire du neuf avec du vieux, même le domaine skiable s’y met ! Rénover, upcycler, réutiliser… C’est déjà dans l’air du temps dans de nombreux domaines comme le textile ou la décoration. Mais qui aurait cru possible de relever ce défi pour une remontée mécanique ?
Rénover les cabines plutôt que de les remplacer par des neuves… Même si le principe parait simple, ce choix ne demeure pas encore la norme. Et pourtant, il comporte de nombreuses vertus : optimisation de l’impact écologique lors de l’installation ; réduction des déchets induits par un remplacement complet ; prolongation de la durée de vie de certains composants encore en bon état et surtout allongement significatif de la durée de vie des cabines. En règle générale, les domaines skiables optent pour des remplacements complets avec des cycles de 10 à 15 ans. Ici, grâce à la modernisation, les cabines vont continuer de transporter les usagers pendant moins 20 ans. Aux yeux des différentes équipes de la station, ce projet incarne une quête de durabilité concrète et un modèle pour l’avenir des remontées mécaniques.
Bien sûr, le volet économique est un autre enjeu indéniable. Dans le cas présent, l’investissement représente 20% du coût du neuf, soit une réelle optimisation des dépenses. Pour la SOREMAC (exploitant des Carroz), la mise à niveau technique constitue une autre finalité du projet. À la construction, certaines options n’existaient pas encore au catalogue constructeur. Cette rénovation permet donc à la télécabine de disposer des standards d’aujourd’hui.
D’ici la découverte mi-décembre de ces nouveaux « œufs », la planification reste un défi de taille pour les équipes du domaine skiable qui doivent également procéder aux opérations de maintenance habituelles avant l’ouverture au public.